Le câprier et
le muscat des murs
étude éthnobotaniste menée par Magali AMIR (2019)
"En visitant le site de terrasses, en repérant les vieux câpriers disséminés ici et là, et en entendant parler des ‘muscadières’, il a semblé intéressant de partir de ces deux sujets pour commencer cette étude botanique, ethnobotanique et historique sur les savoirs et les savoir-faire centrée essentiellement sur Beaumes-de-Venise. En effet, si l’on peut rencontrer dans le Vaucluse, surtout au nord du département, quelques plants de câprier, j’ai été d’emblée fascinée par le nombre de câpriers que je pouvais voir, comme surgis des murs ou des talus, sur la commune de Beaumes. Ce qui indiquait une riche possibilité de connaissances très localisées sur cet arbuste.
Et si la muscadière semble désigner sur la commune toute vigne plantée en raisin muscat, Michel Grillet et d’autres personnes de l’association m’ont très vite parlé de plants de vigne éparpillés dans les terrasses, dont la particularité consiste à sortir du mur, comme s’ils avaient été plantés directement dans la construction. Ils m’ont même montré un bout de sarment mort dépassant ainsi du muret, relique émouvante d’une ancienne muscadière… Enfin, dans le but d’étoffer le projet "Verger Conservatoire", et dans la mesure du possible, un questionnement sur les anciens fruitiers, et les anciennes variétés s’est tenu en filigrane.
Nous avons donc décidé de lancer cette étude, d’une part ethnobotanique, c’est-à-dire basée sur des entretiens de personnes du village, témoins de l’ancienne société, pour trouver, ou retrouver des savoirs et des gestes relatifs à ces deux plantes ; d’autre part bibliographique et historique, pour étayer ce patrimoine culturel du village. Ces deux axes ont donc été menés de front, dans un dialogue entre le l’oral et l’écrit, entre le passé et le présent, entre le local et le général."
Magali AMIR, Botaniste et ethnobotaniste
Le 22 novembre à 18h, nous étions 40 curieux à vouloir assister à la conférence de Magali Amir invitée par les Courens: "Le Câprier et le Muscat des murs".
Magali Amir nous a livré le résultat d'un travail long et fastidieux qu'elle a réalisé sur le village de Beaumes de Venise en rencontrant, ça et là, les Anciens comme Claude Milhaud, Lucette et Marcel Bernard, Henri Pons et Jean-Pierre Michel, tous témoins de ces cultures anciennes.
Comme toujours lors de telles investigations, elle a elle-même appris bien davantage sur les pratiques de culture de nos banquettes, qu'elle ne l'espérait."Le rang de vigne le plus long faisait 14 pieds (4.66 m), le grand-père à la bêche, moi au cheval ou à la moto-bineuse...". Si elle leur demande pourquoi malgré tous leurs efforts ils ne réussissent pas toujours à transplanter les câpriers sur leur terrain de la Coste, Marcel lui répond "C'est le terrain...Il y a un mystère pour toutes les choses..."
Il fut aussi question des fleurs de Câprier si belles, si puissamment parfumées. Là un poème, puis une anecdote, une photo magnifique ..."Mais, je la connais bien moi cette photo, c'est moi qui l'ai faite..." nous dit fièrement Marc Igoulen, sans livrer tout de son secret, l'absence du pistil de cette fleur pourtant si épanouie et si colorée.
La parole a circulé, des questions, des apports, des commentaires et surtout des doutes. Comme on dit dans les formations réussies, "c'était très participatif ! "La discussion s'est ensuite poursuivie autour d'un verre de dégustation des "Produits-Partage" dont les arômes de muscat était indiscutablement en accord avec le thème. Nous nous sommes séparés ravis et heureux de ces échanges riches et nombreux.
Marc Hernandez , décembre 2019