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Les Gippières de Durban

Par Dominique Tissot




Sur le territoire de Durban se trouvaient des carrières de gypse qui étaient exploitées pour la fabrication du plâtre. Le plâtre était déjà fabriqué en Egypte antique à partir de la calcination du gypse, le gypse cuit étant ensuite broyé et battu jusqu’à former une poudre blanche, et les romains en ont diffusé la technique et l’utilisation.


À partir du Moyen Age, le plâtre fut largement utilisé dans les habitations, souvent associé au bois car il était apprécié pour ses qualités ignifuges. Aux 17e et 18e siècles on décorait de gypseries les plafonds des demeures nobles.





Article des statuts de 1429 : "De ne faire Gip"



Autrefois le seigneur de Durban avait le monopole de l’exploitation des carrières de gypse, les gippières, et de la fabrication du plâtre, le gip ou gis, comme l’atteste un article des statuts de 1429 : « De ne faire gip : Item que aucune personne de quelle condition que ce soit n’ose à faire gip dans ledit terroir de Durban, ne icelluy gip transporter ne vendre à personne foraine[1], sans la licence dudit seigneur ou de ses officiers, soubs la (peyne) de cinquante livres, applicable au fisc de ladite cour, et ce de jour, ou de nuict le double ».


Le seigneur arrentait (louait) ce droit à des particuliers moyennant versement d’une redevance et livraison d’une part de plâtre. Des contrats d’arrentement du début du 18e siècle détaillent les conditions d’exploitation : le 26 janvier 1726 Louis Clauel, fermier général du seigneur de Durban, arrente pour six années à des habitants à Durban les « gippières clauses du terroir de Durban » moyennant une redevance annuelle de soixante livres du Roy, payable en deux fois le 24 juin et à la Noël, et la livraison annuelle chaque 15 août au domicile du fermier de « deux cents eymines de gis blanc bon et recevable ».

Les exploitants doivent se procurer du bois par leur propres moyens, sauf pour la fabrication du plâtre destiné au seigneur : ils peuvent en ce cas se procurer du bois au défens du seigneur, c’est-à-dire dans le bois réservé au seigneur qui était situé en contrebas de la chapelle Saint Hilaire, à condition « qu’ils ne portent pas préjudice et que se soit en bon père de famille ». Le bénéficiaire de l’arrentement avait la possibilité de sous-arrenter à des tiers l’exploitation du gypse et la fabrication du gip. Les exploitants de la carrière s’engageaient à ne pas se faire concurrence dans la vente du plâtre , comme le précise un autre contrat du 18e siècle : « ne pourrons vendre le plâtre à Sarrians et son terroir à moins de quatre sols roy l’eymine et à Aubignan et son terroir moins de trois sols quatre deniers roy l’eymine depuis Saint Michel jusqu’au premier may et depuis le premier may jusqu’à Saint Michel moins de trois sols et huit deniers roy l’eymine, et au cas qu’il manque du travail à quelqu’une des parties et que les autres en ayent, ils seront tenus de l’avertir et de se procurer du travail les uns aux autres »

L’exploitation des gippières de Durban s’est poursuivie après la Révolution et la carrière a été active jusqu’au début du 21e siècle. Traditionnellement les fours de cuisson étaient situés à proximité des carrières : l’un des fours de Durban a été très bien restauré et on peut le voir au bord de la route de Lafare à Beaumes, non loin du quartier des Cascades.

[1] Individu ne résidant pas au village

Dominique Tissot


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